Suite aux mauvais chiffres de mortalité routière au mois d’avril, François Fillon a convoqué ce mercredi 11 mai un Comité Interministériel de la Sécurité Routière. Dans la lignée de la politique du gouvernement, les mesures concernant principalement la vitesse et la répression, avec notamment la disparition des panneaux annonçant les radars, le portable à 3 points, le grand excès de vitesse en délit, les plaques des deux roues dans la ligne de mire des radars… A suivre !

Revue de presse sur le comité Interministériel

Le Figaro

Le Monde

 

Notre avis :

Encore un durcissement , encore des contentieux en perspective… Avec les députés contre le renforcement de la répression démagogique !

Synthèse des réjouissances…

Radars. Les panneaux indiquant la présence de radars fixes vont être supprimés et les cartes d’implantation des radars ne seront plus rendues publiques. Les avertisseurs de radar seront interdits et 1 000 nouveaux radars seront déployés d’ici à la fin de l’année 2012.

Contrôle de la vitesse. Un excès de vitesse de plus de 50 km/h par rapport à la vitesse autorisée va devenir un délit dès la première infraction.

Deux-roues : Les usagers de moto qui n’ont pas conduit au cours des cinq dernières années devront désormais suivre une formation. Les plaques d’immatriculation pour les motos et scooters seront de plus grande taille, afin de rendre plus efficaces les contrôles radar. Les conducteurs de moto et de tricycles devront porter un équipement rétro-réfléchissant.

Alcool. Une alcoolémie supérieure à 0,8 g/l serait sanctionnée par un retrait de huit points sur le permis de conduire, contre six actuellement. L’utilisation d’un éthylotest anti-démarrage sera rendue obligatoire sans délai pour l’ensemble des transports en commun de personnes.

Téléphone. Téléphoner en conduisant, l’appareil à la main, sera puni d’un retrait de trois points au lieu de deux actuellement.

Bande d’arrêt d’urgence. La circulation sur une bande d’arrêt d’urgence – interdite – sera désormais sanctionnée d’un retrait de trois points et d’une amende de 135 euros.

 

Nous sommes avec ces députés qui se plaignent !

« Cessez d’emmerder les Français ! », lançait le député UMP Jacques Myard à l’Assemblée nationale en décembre 2010. L’objet du courroux : la sécurité routière, alors discutée dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure 2, la Loppsi 2, adoptée ensuite en février 2011. Une poignée de parlementaires ont obtenu un net allègement des contraintes du système de permis à points. Les délais de récupération automatique sont ainsi passés de trois ans à deux ans en cas de retrait de plusieurs points et d’un an à six mois pour les infractions à un seul point en cas de conduite sans infraction.

« UN TRÈS MAUVAIS SIGNAL »

Quelques mois plus tard, alors que la mortalité routière est repartie à la hausse, les associations de prévention routière pointent la démagogie de ces élus. Le nombre de morts sur les routes françaises a augmenté de 20 % en avril par rapport à l’an dernier. « Le message envoyé par l’adoption de la Loppsi 2 a été très un mauvais signal aux automobilistes, analyse Bernard Pottier, président de l’Association prévention routière (APR). Nous avons là un exemple d’irresponsabilité de certains politiques. » Chantal Perrichon, de la Ligue contre la violence routière, va jusqu’à affirmer que « l’action de ces parlementaires correspond à des calculs bassement électoraux ».

En effet, un sondage Infraforces pour Autoplus soulignait, à l’époque du débat sur la Loppsi 2, un consensus des Français en faveur de l’assouplissement du permis à points. Quelque 87,4% des sondés souhaitaient une règlementation moins dure. Se faisant l’écho de cette unanimité, Claude Bodin, député UMP favorable à une hausse de la vitesse maximale autorisée sur l’autoroute, avait relayé à l’Assemblée nationale « l’exaspération

[suscitée] par la perte de points de permis pour des dépassements de vitesse peu importants sur autoroute, qui n’engendrent aucun danger pour [les conducteurs] ou pour autrui ».

DENSIFICATION DU TRAFIC

Pour ceux, sénateurs et députés partageant cette opinion, il n’y aurait aucun lien entre l’allègement récent des peines liées aux infractions routières et l’augmentation, ces dernières semaines, de la mortalité. « La hausse du nombre des accidents mortels est due à la vague de chaleur, et à la reprise de la croissance économique. Les Français se déplacent davantage », soutient ainsi Philippe Goujon, pour qui la densification du trafic serait le principal facteur accidentogène. Le député UMP rappelle en outre que la loi a durci les peines concernant les grands délits routiers.

Nul doute que le dernier train de mesures envisagé lors d’un comité interministériel de sécurité routière, mercredi 11 mai, à Matignon, suscitera le dépit d’un certain nombre d’élus de la majorité : le 9 mai, sur son blog, le sénateur UMP Alain Fouché mettait ainsi « en garde » le gouvernement contre d’éventuelles « mesures déraisonnables » sur la sécurité routière. « Le gouvernement ne doit pas se précipiter. Seules des actions ciblées sur les causes réelles pourront être bénéfiques à la sécurité routière », écrit-il.

Mais ces députés pourraient aussi, selon certains, être animés par d’autres motivations. « En 2002, lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au ministère de l’intérieur, il a, via une circulaire, supprimé les indulgences dont profitaient les élus locaux, qui n’hésitaient pas à faire pression sur les policiers et gendarmes pour faire sauter leurs amendes », rappelle Bernard Pottier, de l’APR. Ce recadrage, conjugué à l’automatisation des contrôles radars, fait disparaître « l’impunité routière » des parlementaires, analyse Chantal Perrichon. « En votant ce type de texte comme la Loppsi 2, les parlementaires votent en fonction de leur situation personnelle en oubliant l’intérêt généralNous touchons là au conflit d’intérêts », conclut la présidente de la Ligue contre la violence routière.